
Le repas passa rapidement, ils mangèrent en quelques minutes, puis parlèrent plus d'une heure.
-Guillaume, je peux te parler ?
-Hein ?!
June lança un regard désespéré à Alice qui venait de se lever. Elle lui sourit et lui fit un clin d'½il avant de s'éloigner avec Guillaume, s'isolant dans la chambre.
Les deux amis, restés seuls, se scrutèrent un moment. June eut ensuite un rire nerveux et détourna les yeux.
-C'est pas trop fatiguant de remonter toutes les semaines sur Paris ?
La femme soupira. Elle avait un peu parlé au duo durant les deux mois et ils savaient qu'elle remontait à présent chaque week end sur la capitale.
-C'est pour Alice, et Jérôme...
-Parle moi un peu de lui, vous avez l'air tous très proches...
-On a grandi ensemble, ils ont même habité chez moi durant trois ans. Jérôme me connaît depuis ma naissance et je connais Alice depuis sa naissance. Nos parents étaient des meilleurs amis de lycée, un groupe de quatre amis, devenus deux couples... L'amitié c'est beau, l'amour c'est mieux ! sourit-elle, On ne se considère même pas comme amis avec Alice et Jérôme, je suis leur s½ur. On se connaît depuis tellement longtemps, ça facilite l'échange. Tu dois connaître ça avec Guillaume. Ça se voit d'ailleurs, un regard et vous vous comprenez, c'est pareil avec eux... Ils font partis de ma famille.
-Donc avec Jérôme, il y a rien entre vous ?
-Bah je te l'ai dit, avec Jérôme... Ah ! Tu veux parler de sentiments ?! Absolument pas !
-D'accord... Désolé c'est un peu indiscret peut-être.
-Ca ne me dérange pas !
-Alors parle moi de toi.
-Tu sais déjà tout.
-Non, pas vraiment. Je sais que tu as 28 ans, es prof d'histoire, vis à Marseille, mais à part ça...
-C'est l'essentiel ! Je suis célibataire, j'aime mon métier, j'ai grandi depuis toujours collée à la mer, j'adore le Sud et déteste le climat Parisien... Ah et j'ai une s½ur.
-Ah bon ? Je savais pas.
-C'est normal, seule Alice le sait. Et Nicole qui l'a connue. Enfin beaucoup plus sont au courant, mais tu ne les connais pas.
-Mais tu parles de trio, pas de quatuor... ?
-Parce qu'elle est plus vieille encore que Jérôme. Mais elle est partie... En effet, je parle de trio, parce qu'on était trois, elle n'était pas vraiment enjouée avec nous. Puis elle se sentait à part. On ne partageait pas les mêmes centres d'intérêt... A vrai dire, quand il y a un enfant de cinq ans, un de huit ans, et l'autre de dix ans, celle de quatorze s'ennuie.
-Mais pourquoi tu n'en parles pas ?
-Parce qu'elle s'est barrée. Et que j'ai pas envie d'en parler. Et qu'on me pose pas la question !
-Je ne te force pas... Mais je suis quand même là !
Cyril sourit tandis que June relevait les yeux sur lui, fondant devant son sourire et ses yeux qui la mettaient en confiance. Sans savoir pourquoi, elle parla sans réussir à se faire taire.
-Si je connais Nicole, ce n'est pas avec le métier, mais parce que c'était la fille de quelqu'un que ma famille connaissait... Elle est venue plusieurs fois et c'est là qu'elle a rencontré ma s½ur, Justine. Bref... Justine a donc 6 ans de plus que moi, et elle est partie quand j'avais 15 ans... A 21 ans donc. On a pas de nouvelles depuis, et je m'en fous d'en avoir, elle ne fait plus partie de ma vie.
-C'est triste les familles comme ça...
-Moins que celle d'Alice et Jérôme. Justine ne représente plus rien pour moi.
-Alice et Jérôme ?
-Ils ont perdu leurs parents, mais eux ils les aimaient et y tenaient. A 17 et 22 ans. C'est là qu'ils ont vécu 3 ans avec nous.
-Ah... Pas facile leur vie... Mais ta s½ur, comment tu peux l'oublier autant ?
-Je t'ai dit, ça fait 13 ans. C'est beaucoup trop.
-Mmh... Et toi, tu tiens le coup ?
-De ?
-Jérôme.
-Ah... J'ignore ma douleur pour soutenir Alice.
-Elle a beaucoup de chance de t'avoir.
-J'ai beaucoup de chance de l'avoir...
Cyril sourit à nouveau et s'enfonça dans sa chaise en soupirant et en observant la porte close de la chambre, où Guillaume et Alice étaient enfermés depuis plus de vingt minutes.
Guillaume ferma la porte derrière la femme et la regarda, interrogateur.
-Pourquoi seul à seul ?
-Pour que eux, soient seuls. Mais je dois te dire quelque chose...
-Quoi ?
Elle s'assit sur le grand lit de la pièce et tapota le drap à côté d'elle. L'homme y prit place, silencieux, et attendit.
-C'est... Tu te souviens ce que je t'ai promis ?
-Oui !
-Je pourrai pas tenir ma promesse...
-Quoi ?! Pourquoi ?
-Je...
Elle se tut. Guillaume redoutait la réponse mais n'osait pas déranger le silence. Au bout de plusieurs minutes, elle bougea sous le regard attentif de l'humoriste. Elle posa son pied droit au sol et remonta son pantalon jusqu'à la cuisse. Il la regardait faire, et découvrit avec horreur une longue cicatrice sur le genou de la femme.
Il approcha la main, se demandant s'il ne rêvait pas. Il posa délicatement ses doigts sur la blessure, et fit le contour doucement, comme absorbée par elle. Alice frissonna à ce contact et ferma les yeux. Elle les rouvrit en sentant un doigt passer sur sa joue pour essuyer une larme qu'elle n'avait même pas sentie. Guillaume recula ensuite sa main mais continua à scruter Alice dans les yeux, attendant qu'elle parle.
-Ils ne savaient pas vraiment où était la balle et n'avaient pas beaucoup de temps... J'avais déjà perdu beaucoup de sang... C'est pour ça que c'est si large.. Et affreux. Au réveil, c'est la première chose qu'ils m'ont annoncée, avant le coma de Jérôme. Je n'ai même pas réussi à le dire à June avant ce matin. Et je suis désolée de ne pas pouvoir tenir cette promesse...
Un long silence prit place, où les deux amis laissèrent leurs yeux parler. Cela suffit à Alice pour comprendre que Guillaume ne lui en voulait pas et qu'il la soutenait, compatissant à son arrêt forcé de son métier et de sa passion... Ils se levèrent ensuite, dans un accord toujours silencieux.
-Je te retourne ta promesse, si je ne te verrai pas faire de cirque, c'est toi qui me verras.
Elle sourit et serra la main que lui tendait l'humoriste, échangeant avec lui un long regard entendu. Il sourit gaiement et rouvrit la porte.
Ils retournèrent s'asseoir avec Cyril et June qui n'avaient pas échangé un mot de plus, seulement quelques regards et sourire gênés. Les discussions reprirent dans les rires et vint le moment où ils devaient se séparer.
Alice, debout, se laissa subitement tomber à terre sous les regards inquiets de ses amis. Sa respiration s'accéléra, son visage blêmit et un spasme la secoua. Aussi soudainement que c'était arrivé, la crise passa et elle regarda les trois personnes penchées au dessus d'elle. Si son regard était adressé à June, tous purent facilement y voir la grande détresse qui les voilait.
-June... On doit y aller...
Elle comprit, saisit le bras de sa meilleure amie et partit en courant, la traînant derrière elle, laissant Guillaume et Cyril au milieu de l'appartement.
Savane505, Posté le dimanche 07 avril 2013 12:26
aaaahhhh tu continue a faire ta sadique :-p