Mon frère se précipita sur moi en me disant que je ne devais pas me lever, que j'étais encore trop fatiguée... Et tout un baratin inutile. Je me retrouvai donc assise à même le sol pour lui faire plaisir, un grand sourire collé au visage. Là encore, il répliqua que je devais être bien assise, sur un canapé confortable, ou même allongée sur le lit. Je souris de plus belle devant son état un peu paniqué ce qui lui fit arrêter enfin son activité un peu trop énergique.
-Je tourne au ridicule là non ?
Devant mon sourire en banane il éclata d'un rire à la fois joyeux et nerveux. Cela faisait si longtemps que je ne l'avais pas entendu rire !
-Ethan ...
Il redevint sérieux devant mon air.
-Je veux les voir.
Il hocha la tête, il avait compris de quoi je voulais parler, ou plutôt de qui.
-J'ai un train dans une heure, rentre avec moi, je suis en plein déménagement, mais la maison est encore vivable...
J'acceptai, sans réfléchir. Je voulais passer du temps avec lui, et voir mes parents, ou du moins, me recueillir sur leur tombe. Nous partîmes donc aussitôt, mais je repensais tout à coup que j'étais chez Arnaud, et qu'il m'avait invitée à rester dîner le soir-même. Je dis à Ethan de descendre, et lui demandai de m'attendre pour que je puisse faire une dernière bricole. Je trouvai rapidement un papier et un stylo, qui traînaient sur la table du salon, et écrivis un mot pour Arnaud.
« Merci beaucoup pour ton accueil. Je rentre à Marseille avec Ethan, je suis désolée pour le dîner de ce soir, une autre fois peut-être, quand je rentrerai. Je ne sais d'ailleurs pas quand je rentre, mais je te dirai. Préviens Florent, si tu le veux bien. Appelle-moi si l'envie te prend...»
J'écrivis mon numéro de téléphone à la fin et sortis juste après, Ethan m'attendant dehors. Il mit une clef dans la serrure, ferma, puis glissa la clef en poussant assez fort sous la porte. Je le regardai faire, sans comprendre. Arnaud lui avait sûrement dit de faire cela. Je marchais à côté de mon frère retrouvé. Il me parlait de sa vie, et j'écoutais, silencieuse la plupart du temps.
Nous attendions le train, qui arriva rapidement, et nous continuâmes notre conversation après nous être installés en première classe. Il gagnait vraiment bien sa vie. En effet, il était réalisateur, et perçait plutôt bien dans son métier. Il avait vite réalisé quelques films, dont 2-3 à succès. Je le félicitais grandement, admirative devant ce qu'il était devenu. Il me demanda ensuite ce que moi je faisais. Question délicate... Rien, des études, encore. Je me sentis petite à côté de lui. Je n'avais pas réalisé grand chose de ma vie, alors que lui oui, il était réalisateur... Il me parla ensuite de ses relations sentimentales. Il ne trouvait rien de stable. Il était pourtant beau garçon, mais ne trouvait apparemment pas la bonne.
-Et toi côté amour alors ?!
Son regard glissa automatiquement vers mon cou quand il prononça cette phrase.. En simple t-shirt, qui ne cachait pas du tout mon cou, il admira mon pendentif.
-Tu ne l'oublies pas hein ...
Je secouai la tête négativement.
-Tu sais, je n'ai jamais eu l'occasion de te le dire, mais il est magnifique... Tu ne l'as jamais revu ?
-Non Ethan, je ne le reverrai peut-être jamais, mais je ne peux pas l'oublier maintenant. Cela dit, j'ai comme toi des relations qui ne durent pas.
Un peu plus de deux heures de discussion animée plus tard, nous arrivâmes à la gare de Marseille. Dernier lieu que j'avais vu avant de quitter cette ville. Je souris avec nostalgie puis suivis Ethan qui s'éloignait déjà. Je retrouvais, à grand regret, l'odeur du vieux port, près de la gare. Une odeur de poissons qui ne m'avait pas manquée. Le port était toujours agité, entre pêcheurs, vendeurs, touristes, ou même habitants pressés.
-Ethan ? Hemm... On est quel jour en fait ?
La question pouvait paraître étrange, mais je n'avais pas encore eu l'occasion de demander.
-Toujours le même, tu n'as pas... dormi très longtemps.
Nous nous mîmes en marche pour rentrer à la maison. La maison... Elle n'avait pas changé... Je ne l'avais connue que trois ans, de mes quinze à mes dix-huit ans, mais c'était la même. Bien sûr, des cartons s'empilaient, il n'y avait plus aucune photo qui traînait, les meubles étaient vides, et certains n'étaient même plus là, mais je la reconnaissais bien.
Il était près de dix-neuf heures, mais j'étais éreintée. Je demandai à Ethan si je pouvais me coucher et il m'indiqua une chambre. Mon ancienne chambre qui, elle, avait beaucoup changé. Ce n'était plus celle où j'avais passé la fin de mon adolescence. Je ne pensais pas plus longtemps à ça et m'endormis tout habillée sur le lit encore fait.
AliceSentou, Posté le samedi 02 mai 2015 06:04
J'adooore le dessin !!!