
Je sifflais les jambes ballantes au-dessus du vide, comme d'habitude.
Encore dix minutes.
Mes pensées suivirent le vent un moment et s'envolèrent loin. J'étais tellement absorbée que je sursautai et criai de surprise quand des mains se posèrent sur mes yeux. Je me retournai vers celui qui avait failli me faire tomber, prête à lui passer un savon. Si résolue que dès que je croisai son regard, un sourire illumina mon visage et je ne dis finalement rien.
Je souriais toujours, puis je remarquai que lui n'avait pas son sourire habituel. Je lui demandai ce qui n'allait pas mais il sourit et s'excusa de son moment d'évasion. N'insistant pas plus je haussai les épaules et ramassai mon sac de cours presque vide. Il me saisit la main et nous nous mîmes en marche pour le collège. Pour un dernier jour dans cet établissement. Nous restions ensemble à parler de tout et de rien, à vagabonder dans les heures libres et à faire nos adieux aux lieux.
La fin de la journée pointait son nez, et nous sortions de l'établissement après des aux revoir aux professeurs avec qui nous nous entendions bien.
Nous marchions côté à côté quand je sentis qu'il s'arrêta. Je me tournai vers lui.
-Julie ...
Il semblait hésiter, je le poussai à continuer d'un geste de la tête.
-Julie c'est la dernière fois qu'on se voit. Je ne ferai pas ma rentrée à tes côtés, mes parents ont décidé de déménager, je ne peux pas. Je ne sais même pas où je vais, ils ne m'ont rien dit. Mais on ne se verra plus alors jure-moi... Promets-moi que tu ne m'oublieras pas.
J'encaissai le coup. J'avais le souffle coupé, il avait tout déballé sec, je ne m'y attendais pas et l'effet était tel un coup de poing au ventre. Je le regardais, espérant voir qu'il se moquait de moi dans ses yeux. Il ne riait pas. Il était sérieux. Il haussa un sourcil, comme attendant ma réponse.
-Je... Je te le promets.
Je ne dis pas un mot de plus. Il sortit une boite et l'ouvrit. A l'intérieur se trouvait un collier. Il le souleva et me le tendit.
-C'est un dauphin. Ton animal préféré, rien que pour toi.
En effet, deux dauphins, magnifiques, étaient pendus à une chaîne en argent qui paraissait assez résistante. Ils étaient taillés finement et les détails étaient surprenants. Ils formaient un ovale au centre duquel se trouvait un rond, rappelant un ½il, turquoise. Je restai bouché bée devant le collier, sublime.
Il me montra son cou, où pendait l'exacte réplique de ce qu'il me tendait. C'était pourtant plus féminin que masculin...
Je ne réagissais toujours pas alors il me l'accrocha autour du cou et je frissonnai au contact de ses mains. Quand il eut fini, il sourit, satisfait.
-Ne le perd pas hein.
Je me jetai subitement à son cou, pleurant, le remerciant et m'excusant... Je lui répétais aussi de ne pas partir, qu'on ne pouvait pas nous séparer.
Après que je me sois calmée, il me poussa un peu, mais me garda à bout de bras. Il planta ses yeux dans les miens. Des larmes aussi perlaient sur ses joues.
-Julie... Je t'aime.
Il m'embrassa avant que je ne réalise ses paroles. Il se décolla peu après et me serra une nouvelle fois dans ses bras. Avant de partir, il me glissa à l'oreille une promesse. « On se retrouvera, c'est promis. »
- - -
Seize ans que je n'avais pas revu celui qui m'avait offert ce que je portais toujours au cou.
La rentrée sans lui avait été bien différente et difficile. Je me sentais si seule. Sans plus de meilleur ami, et vite sans plus d'ami du tout. J'avais ensuite totalement baissé en cours. Je n'écoutais pas, je ne travaillais pas, je préférais écrire. Sans cesse écrire. Tout et n'importe quoi. Ensuite, on avait déménagé à Marseille, que je n'aimais pas du tout. Après le lycée, la fac. Fac de droit. Puis avocate...
Et la famille dans tout ça ?
Ils ne m'avaient pas soutenu, alors que j'essayais de faire bonne figure, sans y parvenir. Mon frère ne faisait que des conneries et me rejetait la faute dessus. Bien sur, je prenais à sa place. Alors je leur en voulais. C'était peut-être idiot, je les aimais sûrement, mais je ne pouvais plus. J'étais donc partie en appartement dès mes 18 ans, restant sur Marseille cependant avant de déménager sur la capitale.
- - -
-Julie, arrête de rêvasser !
Je détournais les yeux de la fenêtre pour voir Jade, ma voisine et amie, qui me souriait.
Je n'étais plus dans cette situation, j'avais des amis, la preuve. Et j'avais repris d'autres études !
Je lui lançai un clin d'½il et souris avant de me replonger dans l'écoute du cours.
Je marchais en soupirant à côté de Jade qui n'arrêtait pas de parler. Une vraie pipelette, elle faisait souvent la conversation à elle seule d'ailleurs.
-Alors ?
-Euh... Quoi ?
-Tu l'as eu où cette chaîne, et ces petits dauphins tout mignons qui sont pendus à ton cou ?
Je souris à la tournure de sa phrase, puis la regardai sérieusement.
-Un cadeau.
-Oh bah il devait bien t'aimer dis-donc ! Il est magnifique dis-moi !
Je souris tristement.
-Mais tu le montres pas assez, je ne l'avais pas vu avant !
Je me contentai de hausser les épaules.
-Parce que moi si j'en avais un aussi beau ...
Je ne l'écoutai plus pour les deux dernières minutes. Je lui fis la bise devant ma voiture et rentrai dedans. Je démarrai et pris la direction de mon appartement.
Il était peut-être temps de l'expliquer à Jade. D'en dire plus sur le passé que je cachais. Et si...
Coup de frein brutal. Bruit de pneus qui ralentissent tant bien que mal...
MyBookshop, Posté le dimanche 21 juillet 2013 17:24
C’est tellement fluide que ça se lit facilement. Tout s’enchaîne parfaitement.
Quelques petites fautes :
- au dessus du vide : au-dessus
- celui qui avait faillit me faire tomber : failli
- Je ne ferais pas ma rentrée à tes côtés : ferai
- jure moi : jure-moi
- Promets moi : Promets-moi
- J'encaissais le coup : encaissai
- Bien sur, je prenais à sa place : sûr
- Je détournais les yeux : détournai
- dis donc : dis-donc
- Il est magnifique dis moi : dis-moi
On dirait bien que tu es fâchée avec les traits d’union lol